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Régions

Guédé-Chantier (Sénégal)

Démographie

Le village se trouve dans la Vallée du fleuve Sénégal, à une vingtaine de kilomètres de Podor, et compte une population est d'environ 7.000, 12.000 avec les environs. Les localités les plus proches sont Mbantou, Kope, Nangango, Ouro Boubou, Aniam Touguel et Mboyo.

Quartiers qui au nombre de six :

Langues et Culture

Cent pourcent de la population parlent le peul, 30% le wolof, 15-20% le français, quelques-uns lisent l’arabe (plus une langue passive, apprise à l’école coranique, donc compétences écrites et de lecture, mais moins orales). Ils sont de confession musulmane (100%).

Education

Il y a deux écoles -- une primaire, fréquentée actuellement par 1.500 élèves et une secondaire avec 500 élèves. Les deux emploient environ 40 enseignants. Le taux d'alphabétisation en Peul ou en Français est d’environ 20% de la population. Pratiquement tous les habitants du village sont allés à l’école coranique.

Economie et Commerce

80% des habitants sont des agriculteurs, 20% sont des pêcheurs, commerçants ou employés communaux. Les activités les plus courantes sont donc l’agriculture, l’élevage et la pêche. Pour l’agriculture, il y a deux saisons : une saison froide d’octobre à mars/avril (polycultures -- tomates, oignons, salades et légumes, choux) ; puis une saison chaude qui va de mai à septembre (monoculture : riz). Les terres sont irriguées avec l’eau du fleuve, actuellement la disponibilité de l’eau n’est pas un problème ici.

Santé

Selon le représentant du centre de santé, les technologies de l’information et de la communication sont très utiles et pourraient être utilisées davantage pour le travail de sensibilisation à certaines maladies, telles que la bilharziose (un parasite qui pénètre dans le corps lorsque les victimes vont nager, très courant dans la région. Cette maladie causée par l’eau stagnante a comme conséquence que les personnes et les animaux urinent du sang), le paludisme, les diarrhées, la mortalité enfantine, etc. Il existe un Centre de soins et de santé à Guédé-Chantier.

Communication

Téléphones portables : Actuellement, les téléphones portables constituent le moyen de communication le plus utilisé. Cela étant, le maire souligne qu’il serait très utile d’avoir une radio communautaire. Il y a deux solutions : la première de faire de sorte que la radio la plus proche, à 150 km de là, puisse atteindre le village, ou alors l’installation d’une radio propre pour Guédé-Chantier, Guédé-Village et environs.

Internet : Il y a une connexion Internet dans un cyber café mais qui n’est pas largement utilisé. EREV, en collaboration avec la mairie, a installé 30 ordinateurs dans un nouveau centre de formation où sont enseignés les logiciels de bureautique (Word, Excel, etc.). Il s’agit de cours d’initiation à l’informatique, avec un enseignant au Centre. L’achat des ordinateurs a coûté CFA 1.300.000 (EUR 2000) dont environ CFA 600.000 (EUR 923) ont été payés (vérifier chiffres). Le maire estime qu’une installation d’Internet couterait CFA 150.000 (EUR 650). Le Centre ne dispose pas de connexion Internet actuellement. Les cartes prépayées pour Internet coûtent CFA 23.000 (EUR 35.5).

Radio communautaire : Il serait intéressant aussi d’obtenir des informations pour voir dans quelle mesure il est possible d’installer une nouvelle radio communautaire. Ceci ne peut se faire dans le cadre de ce projet, mais nous pouvons obtenir toutes les informations nécessaires pour la compréhension des possibilités futures. La radio devrait alors diffuser des programmes adaptés et pertinents, en peul notamment.

Service SMS : A la question de savoir si Manobi (logiciel qui est installé sur des modèles de téléphones spécifique) serait la bonne solution, le Maire pense qu’il est préférable d’avoir une application qui serait utilisable par n’importe quel téléphone portable et non seulement ceux qui ont une application "Manobi" (solution SMS possible). Avec une solution générale comme celle-ci, le Maire pense qu’il serait possible d’atteindre un maximum de personnes et non juste quelques privilégiés.

EREV -- Télécentre et Ecole d’Information : De l'entretien avec le Coordinateur du Centre, il ressort qu'il joue le rôle d’enseignant EREV. En collaboration avec le Maire, 30 machines ont été installées dans un Centre de formation nouvellement créé. Ce centre de formation offre des cours pour les logiciels de bureautique de Microsoft et des cours d’initiation à l’informatique, mais n’est pas actuellement connecté à l’ADSL ou à un autre dispositif de connexion. Ce centre pourrait jouer un rôle utile pour le projet, comme Vitrine du Sahel.

Histoire de la Commune (tirée du rapport de Gensen)

Guédé-Chantier est un village fondé en 1933 par des Français qui souhaitaient y introduire l'agriculture irriguée. Sa population d'origine a été constituée de colons venus des contrées voisines et lointaines du Fouta.

La Commune doit son développement à la performance de ses premiers habitants dans l'agriculture irriguée. Plusieurs institutions d'encadrement technique s'y sont succédées pour appuyer son développement agricole, dont l'Organisation Autonome de la Vallée - OAV, la Mission Agricole Chinoise de Taiwan puis de la Chine populaire, la SAED, etc. Celles-ci ont largement contribué au développement et au rayonnement du village grâce aux productions tirées du périmètre alors quasi-unique source de revenus des villageois.

Avec l'ajustement structurel des années 1980, l'Etat s'est désengagé d'un certain nombre de secteurs de la production. Les paysans, mal préparés à ce changement, n'ont pu se réorganiser en conséquence pour maintenir le niveau de productivité du périmètre. Parallèlement, la croissance démographique et l'ouverture du village vers l'extérieur ont fait naître de nouvelles habitudes qui ont engendré de nouveaux besoins au sein de la population en quête d'un bien être social. Il en a résulté un déséquilibre entre les besoins de la population et les possibilités économiques. Cette situation a plongé le village dans un marasme économique et social persistant.

La production agricole connaît une chute drastique du fait d'une baisse de rendements elle-même due à une surexploitation des terres, à une organisation sociale déficiente et à un système de crédit lourd et coûteux. Le coefficient de la culture a baissé et les surfaces cultivée par famille se sont rétrécies. Les revenus agricoles sont devenus trop faibles au point de ne plus permettre une prise en charge correcte des besoins familiaux en santé, éducation, et diverses autres infrastructures sociales.

En outre, l'origine historique du village, sa démographie (estimée à 7.000 habitants) et sa configuration géographique (zone inondable) sont telles que ses habitants sont aujourd'hui confrontés à un grave problème d'espace habitable.

Prenant conscience des enjeux, les populations tentent depuis lors de trouver des solutions à ces problèmes sans jamais y parvenir faute de moyens ou d'une bonne organisation. Toutes les familles tentent de développer des stratégies de survie avec des fortunes diverses. Pendant que certaines se diversifient en exploitant de petits aménagements privés communément appelés "projets", d'autres recourent au travail salarié en ville ou empruntent le chemin douloureux de l'émigration internationale.

Ces problèmes ont motivé une mobilisation des populations de Guédé qui se sont engagées dans un processus de recherche de stratégies de solution de crise. Elles ont pris l'initiative de rassembler les compétences internes et externes pour faire analyser la situation et proposer des axes d'évolution.

En effet, les villageois sont mieux placés que quiconque pour parler de leurs problèmes, exprimer leur besoin et ce qu'il faut faire pour y arriver. C'est ainsi qu'ils ont initié un processus communautaire qui a démarré par les journées de réflexion du 13 au 15 septembre 2002. Ce processus s'articule autour des trois parties ci-dessous:

Guédé-Chantier a entamé des activités autour de l’agriculture il y a 60 ans, avant ce moment, la terre n’avait pas été cultivée mais laissée sauvage et était avant tout constituée de pâturages -- pour des animaux -- éleveurs qui résident dans la région depuis longtemps, l’agriculture elle étant relativement nouvelle. Guédé-Chantier est le premier éco village qui a été enregistré au Sénégal (vérifier).
Jusqu’en 2009, Guédé-Chantier a été considéré comme un village. Après de nombreuses années de lobbying, le village a été transformé en Commune en 2009, ce qui lui donne plus de poids politique (du niveau national) et garanti également plus de moyens (subventions et budget communal) du gouvernement.

Ousmane Pame est le premier Maire de Guédé-Chantier, élu en 2009 pour 5 ans. Il a 43 ans et vit avec sa famille (épouse et trois enfants âgés de 4, 7 et 10 ans) à Dakar. Guédé-Chantier a aussi un Maire résident qui est basé à Guédé-Chantier.

Agriculture, élevage et pêche : Situation Actuelle

Nous avons mené un nombre d’entretiens avec différentes personnes ressources de Guédé-Chantier, dont des pêcheurs, des éleveurs et des agriculteurs.

Agriculture

Les banques ne semblent pas être intéressées par les formes d’agriculture biologique car cela veut dire que le montant des prêts serait inférieur, car plus d’argent ne serait demandé pour les pesticides et les engrais et ainsi le montant du prêt diminuerait ce qui ne serait pas dans l’intérêt de la banque.

Ces défis créent une marge pour la spéculation, notamment du riz, avec des intermédiaires qui achètent de grandes quantités de riz, lorsque le kilo se paie entre CFA 200 et 250 (EUR 0.30 et 0.38). Ils gardent le riz dans un dépôt de stockage pendant quelques semaines pour le ressortir lorsque les agriculteurs ont tout vendu (période de six semaines environ). Là, ils vendent le riz au prix de CFA 350 (EUR 0.54), soit presque au prix double.

Quant au gouvernement, il n’appuie pas l’agriculture bio non plus. Si la SAED (président Saido Diallo), association qui détermine les prix du riz, devait le faire, alors les agriculteurs seraient plus facilement susceptibles de suivre.

Il semblerait que le gouvernement ne se préoccupe pas beaucoup de la pollution, même si les pêcheurs sont affectés par les produits chimiques qui sont déversés dans le fleuve, comme conséquence de certaines pratiques agricoles, ce qui peut tuer des poissons.

Souvent, les tomates et autres produits sont vendus à des prix dérisoires, alors que ces mêmes produits sont vendus beaucoup plus cher plus loin dans la chaîne de valeurs et de commercialisation.
Il semble par conséquent que des informations plus complètes et justes concernant les marchés et une communication améliorée entre acteurs pourraient être très utiles et d’une grande aide. Bien entendu, l’information devrait venir de sources fiables et ne devrait pas être contrôlée juste par un petit nombre de personnes privilégiées. Par exemple, il serait utile de savoir combien coûte un certain produit dans le village voisin. Les agriculteurs se déplacent parfois pour aller vendre leurs produits dans le village d’à côté, mais ils peuvent se retrouver dans la situation où ils constatent qu’il y a plus de produits que d’acheteurs.

Par exemple, il serait utile de savoir du village voisin la demande pour un produit à un moment donné, peut éviter qu’un fermier aille dans le village voisin alors que le produit en question est encore amplement disponible sur ce marché et qu’il ne vende rien (question d’offre et de demande).

Les personnes interviewées ont trouvé que l’agriculture bio pourrait être testée grâce à des subventions comme cela a été fait par ENDA depuis 5 ans (ONG qui travaille au Sénégal et qui a initié un projet de riz bio dans la région de Guédé-Chantier).

Le riz qui serait normalement vendu à CFA 200 (EUR 0.30) le kilo pour du riz conventionnel serait vendu 4 ou 5 fois ce prix pour le riz bio, selon les agriculteurs interviewés. L’agriculture bio ne permet pas d’obtenir des récoltes suffisantes pour représenter une solution viable (alternative) pour les agriculteurs. Cela changerait si la SAED et d’autres associations et coopératives adoptaient une position proactive en faveur de la promotion des pratiques alternatives et si le gouvernement prenait des mesures de sensibilisation afin d’augmenter la conscience des agriculteurs quant aux effets négatifs des pratiques conventionnelles à termes, tout en offrant également un encouragement et une aide financière pour aider les agriculteurs.

1 kilogramme de viande de mouton est vendu à CFA 1500 (EUR 2.30) sur le chemin entre Saint Louis et Thiès et se vent à CFA 2200 (EUR 3.38) à Dakar.

Mme et M. Labbo, agriculteurs de riz conventionnel, ont souligné que la culture de riz bio n’est pas populaire. Mme Labbo était gênée de dire qu’elle n’avait pas de téléphone portable, elle vend le riz essentiellement sur le marché local, en direct, mais a aussi parlé des intermédiaires.

Elevage

Défis identifiés : pour la grande majorité des agriculteurs, les pratiques agricoles sont conventionnelles, utilisant des engrais et des pesticides. Bien qu’ils soient conscients du fait que ces pratiques ne sont pas basées sur une approche de durabilité à terme, ils ont également souligné que les pratiques d’agriculture bio ne sont pas actuellement suffisamment efficaces pour garantir des récoltes suffisantes qui permettent de rembourser les crédits et intérêts qui sont nécessaires pour entamer un nouveau cycle de cultures (achat des semences, paiement des travailleurs, nécessaires pour pouvoir vendre, au bout du compte, les produits sur le marché).

Eleveurs (dans la région de Richard Toll) : Ont expliqué qu’ils voyagent 50 kilomètres tous les deux jours afin de permettre à leurs animaux (bovinés) de boire l’eau du fleuve, ils possèdent tous les deux des téléphones portables, ils vendent les animaux plutôt que la viande, l’eau est un problème

Pêche

Environ 60 pêcheurs vivent à Guédé-Chantier. Nous avons eu l’occasion de discuter avec le président de l’association des pêcheurs. Lui-même a travaillé pendant sa vie active (plus de 30 ans) à Dakar, pour des compagnies japonaises et espagnoles). Au moment de sa retraite, il a décidé de rentrer au village. Il est aujourd’hui le président de l’association des pêcheurs. Il constate un changement dans l’eau ces sept dernières années à Guédé-Chantier. L’agriculture a un impact négatif sur la qualité de l’eau, ce qui réduit la population de poissons. Il souligne que les poissons sont vendus sur le marché local directement, mais aussi que les pêcheurs vont sur les marchés des villages voisins. Il a mentionné qu’il serait très utile de disposer d’une remorque frigorifiée pour garder le poisson au frais. M. Diop utilise un téléphone portable, il trouve très utile de pouvoir communiquer avec sa famille par ce biais, mais pense également qu’il serait utile de connaître les prix des marchés voisins grâce au téléphone portable et de savoir quelle est la situation au marché (beaucoup de poissons non vendus, une demande forte, etc.). Il a également dit qu’il pensait qu’il serait tout à fait utile de sensibiliser les populations aux problèmes de la pollution, particulièrement de l’eau. Il a mentionné que les pêcheurs auraient besoin d’un nouvel équipement (filets, bateaux, etc.) et que financièrement ils n’étaient actuellement pas en mesure d’acheter ce nouveau matériel.

Agriculture, élevage et pêche : Situation en 2002

Les informations de la présente section sont tirées d'un rapport de projet de GENSEN, organisation partenaire du projet.

Analyse des atouts et contraintes

Des ateliers avec les villageois ont été organisés les 13, 14 et 15 septembre 2002 à Guédé-Chantier, alors encore un village. Les ateliers ont réuni environ deux cents participants villageois, ainsi que des techniciens de la SAED, du Développement Social, d'ENDA, de la CNCAS, des Microfinance en Milieu Rural (MFR), de l'Elevage, de l’Entwicklungsbank (KfW), de la Santé et des représentants du Conseil Rural.

Après une séance plénière d'une demi-journée consacrée à l'ouverture des travaux et aux préparatifs, trois ateliers thématiques portant sur l'agriculture, les infrastructures socio-économiques, l'habitat et l'environnement se sont tenus pendant trois demi-journées.

L'objectif était de donner la parole aux populations pour qu'elles analysent elles-mêmes la situation du village et identifient les axes stratégiques à mettre en oeuvre pour l'améliorer.

La réalisation de cet objectif a passé par celle des deux objectifs spécifiques ci-dessous:

Résultats

Les résultats des journées sont présentés ici sous forme narrative sur la base de la restitution des travaux des 3 ateliers thématiques. Dans la première partie du document figurent les constats de la situation du village tels que rapportés par les populations. Les propositions des ateliers ainsi que les remarques et les amendements dont elles ont fait l'objet sont reprises dans la seconde partie du document intitulée plans d'action.

Agriculture

Guédé-Chantier doit son existence à l'agriculture irriguée que ses populations pratiquent depuis 1933. Avec les appuis successifs de l'GA V, des MAC et de la SAED, ils ont réussi des prouesses techniques en riziculture (3 récoltes annuelles avec des pointes de rendement dépassant les 10 tonnes à l'hectare) rarement égalées ailleurs dans la région. La production du riz, à la fois culture vivrière et commerciale pour les villageois, était complétée par d'autres ressources locales (élevage, pêche et cultures de décrue en années favorables à partir de terres du walo).

Tout au début, la riziculture se déroulait dans un aménagement primaire à submersion contrôlée.

Il en a été ainsi jusqu'à l'arrivée de la première mission chinoise en 1970 qui a aidé à aménager et à exploiter une centaine d'hectares avec une maîtrise partielle de l'eau. Pendant les années 90, sous l'ère de la  SAED, une réhabilitation du périmètre financée par des fonds arabes a permis de faire un aménagement tertiaire avec une maîtrise totale de l'eau et un début de diversification des cultures avec la tomate industrielle entre autres.

Mais le succès de la production agricole allait s'estomper sous l'effet conjugué de plusieurs facteurs liés au contexte national ou spécifique au village.

Diagnostic villageois et plans d'action stratégiques polir le (développement économique et social de Guédé-Chantier).

Les facteurs liés au contexte national

Ce sont essentiellement les conséquences de l'ajustement structurel qui a entraîné un retrait brusque de l'Etat des activités de production (crédit, fournitures, commercialisation et diverses prestations). Ce désengagement a créé un vide démobilisateur chez les paysans mal préparés. Quelques opérateurs privés s'efforcent de le combler mais avec un succès plutôt mitigé. La faible solvabilité des paysans et le caractère aléatoire de la production découragent les institutions financières qui se retirent du secteur. Seule la CNCAS finance le crédit de campagne mais uniquement si les spéculations donnent une garantie de remboursement (la tomate industrielle en particulier). Pour les autres productions comme le riz et les produits maraîchers, les producteurs doivent recourir à leurs réserves personnelles ou s'adresser directement au marché informel en se soumettant à toute forme de spéculation.

Par ailleurs, la libéralisation des prix au producteur et le mauvais calage des cycles culturaux rendent l'écoulement des récoltes très difficiles. La récolte quasi-simultanée dans plusieurs zones entraîne une mise en marché massive de produits trais périssables. La loi de l'oille et de la demal1de aidant, les prix chutent fortement au grand détriment des paysans qui bradent leurs productions pour ne pas tout perdre.

Les facteurs intrinsèques

Ils sont liés à l'histoire du village, à ses hommes et à son environnement. Historiquement le village de Guédé-Chantier et son périmètre ont été implantés sur les limites des terroirs des villages voisins plus anciens (Guédé-Village, Lérabé, Fresbé et Diama Alwaly). Les ressources foncières sont donc très limitées. Les possibilités d'extension en dehors des terres ceinturées par la digue de protection sont très faibles. Même les cultures de décrue pratiquées par les populations pendant les années de crue favorable ne le sont que sur de terres qui leur ont été prêtées par les voisins des villages cités ci-dessus. Cette situation s'est encore aggravée avec les lois foncières de 1964 qui ont reversé une bonne partie de ces terres d'extension dans le domaine classé de l'Etat (forêt classée de Ndioum walo et Ndioum walo).

Aujourd'hui, après la réhabilitation et le remembrement du périmètre, la situation foncière du village peut se résumer comme suit:

Diagnostic villageois et plans d'action stratégique pour le développement économique et social de Guédé-Chantier.

villageois restent sans terre. Certaines tàmilles tentent de s'en sortir en créant et en exploitant de petits périmètres privés qui fonctionnent difficilement faute de moyens financiers. En 'plus, cette alternative n'est pas à la porté de tout le monde. Seuls ceux qui ont des liens de parentés poussés avec les villages voisins ont cette possibilité.

Sans être pessimiste on peut prédire qu'un avenir difficile attend le village vue sa dynamique démographique actuelle. Si rien n'est entrepris dans les années à venir, la pauvreté et la misère s'installeront et les populations n'auront comme alternative que l'exode et l'émigration qui ont déjà commencé à toucher certaines familles.

Sur le plan agronomique, on constate une stagnation voire une chute des rendements. Le rendement moyen du riz dépasse difficilement les 4,5 tonnes/ha alors que celui de la tomate industrielle semble bloqué à 20 tonnes.

Les causes de ces chutes de rendement sont multiples mais on peut surtout retiré:

La cherté des prestations est telle que le labour profond n'est plus pratiqué dans le périmètre. Les façons culturales actuelles en cours sont très superficielles. Non seulement elles ne permettent pas d'extirper les rhizomes des mauvaises herbes (Oryza longistaminata, Cypéracées et autres Echinochloa), mais elles créent une semelle de labour (tassement en profondeur) qui gène l'enracinement des cultures.

Les problèmes d'organisation et la libération tardive des crédits occasionnent des difficultés de calage des cycles culturaux qui empêchent les cultures profiter pleinement de la saison favorable.

Les plans d'assolement tendent à se simplifier et se résument à une succession monotone riz tomate industrielle du fait des contraintes liées au crédit.

Le coût hydraulique, à cause du système de facturation, est lui aussi source de contre performance. En effet, le périmètre fonctionne avec deux stations de pompages (alimentation et drainage) mues par des groupes électropompes connectées sur le réseau moyenne tension. TI existe un contrat de fourniture d'électricité de 5 ans négocié et pré financé à hauteur de CFA 4.000.000 - EUR 6154) par la SAED. Les relevés sont effectués tous les 25 du mois et les montants des factures mensuelles varient entre CFA 1.500.000 (EUR 2307.50) et CFA 2.500.000 (EUR 3.846) (voir détails de la facturation en annexe).

L'examen de la facture montre l'existence de postes de charges incompressibles non liés à la quantité d'électricité débitée tels que la "prime fixe". Le facteur de puissance communément appelé "cos <p" ou la TV A de 18 %. Il semble même que l'Union des GIE de producteurs s'expose à des pénalités qui peuvent aller jusqu'à CFA 500.000 (EUR 769) en cas de non-utilisation des installations.
Diagnostic villageois el plans d'action stratégique pour le développement économique et social de Guédé-Chantier.

Pour faire face à la facture d'électricité, à la fin de chaque campagne, l'Union des GIE facture aux producteurs un coût hydraulique de CFA 80.000 par hectare cultivé répartis comme suit :

En théorie seul l'argent de la redevance est utilisé pour payer les factures mensuelles mais ce montant se révèle insuffisant pour honorer les 12 factures mensuelles. Pour combler le déficit, les responsables de l'Union utilisent une partie des provisions (entretien du réseau) pour honorer la facture d'électricité.

Finalement, la gestion de l'eau dans le du périmètre nous met devant une situation plutôt paradoxale. Alors que les stations de pompage donnent l'impression d'avoir été surdimensionnées par rapport au périmètre, jamais Oil n'a réussi à emblaver en même temps toute la surface. Les surfaces emblavées par campagne dépassent rarement les 300 ha. Le planning des cultures est tel que les cycles de production se chevauchent. En permanence il y a toujours une partie du périmètre qui n'est pas mise en culture en prévision de la spéculation suivante. La mise en culture de toute la surface disponible aurait permis de faire une économie d'échelle et partant, une meilleure prise en charge du coût hydraulique.

Sur le plan social, les productions irriguées sont gérées par des organisations paysannes (OP) à l'image de toute la vallée du fleuve Sénégal. En effet, le développement de l'agriculture irriguée suppose la mobilisation de ressources et de moyens auxquels le paysan ne peut accéder que lorsqu'il intègre un cadre organisationnel communautaire où la solidarité joue pleinement son rôle. Les organisations paysannes telles qu'elles existent actuellement essaient de répondre à cette préoccupation.

L'ensemble des exploitants du périmètre (y compris ceux des villages voisins qui y détiennent des parcelles) sont regroupés en 16 GIE selon les affinités sociales des individus. Chaque GIE exploite une maille hydraulique et gère directement ses crédits vis à vis de la CNCAS et ses rapports avec différents prestataires. L'ensemble des GIE forment l'Union des GIE chargée de la gestion des ouvrages communs (stations de pompage et de drainage) et de l'entretien du réseau d'irrigation.

Après une dizaine d'années de fonctionnement du dispositif, on constate un succès plutôt mitigé dans la gestion de la production. La gestion des finances des GIE et d’Union manque de transparence. L'information ne circule pas assez entre les dirigeants et leurs mandants n'y a presque jamais de bilan après un cycle de production et les instances dirigeantes ne sont pas régulièrement renouvelés. Les présidents et autres membres de bureau sont inamovibles à leur poste. Le doute et la suspicion se sont installés chez les producteurs et les dirigeants qui s'accusent mutuellement.

Elevage

Bien qu'ayant opté pour la vie sédentaire, les populations de Guédé ont toujours mené une activité d'élevage (bovins, ovins, caprins) en appoint des productions irriguées. Dans le passé, les conditions climatiques favorables permettaient de disposer d'aires de pâturage dans la zone.

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(Journées des 13, 14 et J 5 septembre 2(02).

sud (Diéri) pendant une bonne partie de l'année. Le reste du temps, les animaux paissaient dans les champs après les récoltes (vaines pâtures).

De nos jours, la pratique de l'élevage est devenue plus difficile à 'cause des péjorations climatiques (sécheresse) aggravées par l'accroissement de la taille du cheptel et la réduction de l'espace due au développement de l'irrigation.

Beaucoup de familles tentent des initiatives en embouche et en production d'espèces à cycle court (aviculture) mais se heurtent à un manque cruel d'appuis. Le village déplore l'absence d'un agent de santé animale pour aider à faire face aux nombreuses maladies infectieuses et parasitaires liées à l'écosystème villageois très marqué par les eaux stagnantes.

Pêche

La pêche fluviale a toujours été une activité réservée au groupe socioprofessionnel des pêcheurs (soubalbé). Jadis exercée dans les plans d'eau peu profonds après les crues du fleuve, cette activité a beaucoup perdu de son importance depuis la mise en eau des barrages (Diama, Manantaly, Foumouguéleyta). Le nouveau flux hydrodynamique du fleuve fait que le poisson a tendance à rester dans la partie avale pendant la saison sèche.

Aujourd'hui la pêche est toujours pratiquée par le même groupe socioprofessionnel mais dans le lit mineur du fleuve où le poisson se nourrit et se reproduit difficilement. La pression sur cette ressource est telle qu'aucune réglementation n'est respectée (délimitation des zones de pêches et des zones de reproduction du poisson, maillage des filets,..). A terme, les prises iront décroissantes et finiront par disparaître.

Habitat et environnement

Le village de Guédé est confiné à l'intérieur d'un espace habitable très limité (10 ha) entouré par des champs irrigués et des dépressions inondables. D'autre part, le risque d'inondation est permanent. En effet, il est entouré par une digue de protection qui menace de rompre à chaque hivernage comme c'est arrivé une fois en 1950.
En outre l'accès du village est souvent difficile en hivernage malgré l'existence d'une bretelle d'accès en latérite de 3 km.
Aujourd'hui les flux démographiques internes et externes sont tels que le village a presque atteint la limite de ses capacités d'extension.

Ayant pris conscience de ce problème, les populations ont entrepris des démarches pour accéder au terrain situé entre la nationale n02 et le périmètre. Cette démarche n'a pu aboutir pour plusieurs raisons. Entre autres on cite la mésentente avec les populations de Lérabé qui en revendiquent la propriété, le manque d'appui des collectivités locales, la démarche d'acquisition du site contestée par une partie de la population pour insuffisance d'équité et de concertation. Pourtant tout le monde demeure convaincu que l'accès à ce terrain est un impératif.

Infrastructures socioéconomiques

a) Education

Guédé possède une école primaire française créée en 1958. Pendant 10 ans (de 1958 à 1967) elle a fonctionné avec une seule classe. A partir de 1968, elle s'est dotée de 2 classes puis 3 en 1972. Depuis lors, le nombre de classe est allé croissant. Aujourd'hui, elle compte 10 classes pédagogiques fonctionnelles situées dans deux sites géographiques différents.

Diagnostic villageois et plans d'action stratégique pour le développement économique et social de Guédé-Chantier.

Si le premier site dispose de l'eau courante, de l'électricité et d'une clôture en assez bon état, la seconde création ne dispose encore d'aucun de ces aménagements.

En dehors de la dernière création, les bâtiments sont vétustes, mal entretenus et mal équipés (tables bancs en mauvais état, bureaux et chaises insuffisants, blocs sanitaires en mauvais état etc.).

La moyenne des effectifs (55 élèves par classe) est relativement élevée si on la compare à la moyenne départementale qui est de l'ordre de JO élèves par classe. L'enseignement préscolaire n'est pas pratiqué faute d'école maternelle.

Il existe une association des parents d'élèves (APE) qui appuie le directeur dans les démarches et la gestion des infrastructures. Celle-ci s'acquitte correctement de ses missions d'appui au directeur. Par contre on note un déficit de communication et des défaillances dans la concertation entre l'école et les parents qu'elle aurait du susciter.

Le personnel enseignant est composé de 10 maîtres dont 7 jeunes volontaires inexpérimentés. En plus leurs absences répétées et mal planifiées font que les enfants sont souvent laissés à eux-mêmes pendant plusieurs jours ouvrables dans le mois. A cela s'ajoute un déficit d'encadrement des enfants à la maison surtout chez ceux dont les parents sont analphabètes.

La conjugaison de tous ces facteurs fait que le taux de réussite aux examens est relativement faible (15 % cette année comparée à une moyenne départementale de 29,5 %).

L'enseignement coranique est également très pratiqué dans le village. Il existe 15 maîtres qui officient dans 15 foyers d'enseignement coranique sur la base du bénévolat avec des effectifs variant entre 20 et 30 disciples. Tel qu'il est pratiqué actuellement, l'enseignement coranique ne dispense que des connaissances livresques très théoriques essentiellement tournées vers la mémorisation des versets du livre saint. Il ne bénéficie ni d'appui matériel (rémunération des maîtres, locaux, couverture médicale, nourriture) encore moins pédagogique. Il manque donc d'efficacité au grand détriment des élèves (surtout les non-résidents). Les populations le reconnaissent et estiment que quelque chose doit être fait pour améliorer la qualité de cet enseignement.

L'alphabétisation fonctionnelle en langues nationales commence à faire des percées dans la zone par le biais organismes d'appui et autres ONG. A l'instar des autres localités du département, la SAED y a ouvert depuis 2 ans deux classes d'alphabétisation avec 60 participants qui fonctionnent bien même si quelques améliorations sont souhaitées.

b) Santé

Le village dispose d'un poste de santé fonctionnel construit en 1968 par les populations. Il est composé d'un bloc de 3 salles de soin, d'un logement, d'une "maternité", d'une pharmacie (IB) et d'un magasin. L'ensemble est électrifié et équipé d'une chaîne de froid fonctionnelle. Le personnel est composé d'un Infirmier Chef de Poste (lCP), de trois matrones villageoises et d'un Agent de Santé Communautaire (ASC). Un comité de santé local assure la gestion des infrastructures et du personnel local (matrones et ASC).

Parmi les problèmes évoqués les populations soulignent les maladies hydriques liées aux canalisations à ciel ouvert et des faiblesses dans la gestion du dispositif par le comité de santé. Le transfert des malades référés à l'hôpital de Ndioum pose également des problèmes aux familles démunies fautes de moyens financiers et de véhicules adaptés.

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Enfin le bas du niveau de rémunération de l'ASC et des matrones pose un problème de motivation du personnel local devenu quasi indispensable face aux nombreuses sollicitations dont le dispensaire fait l'objet.

c) Hydraulique

Guédé dispose d'une infrastructure hydraulique construite en 1991 sur financement de la coopération chinoise. Elle est composée d'un forage équipé d'un moteur thermique de 2 cylindres, d'une pompe immergée, d'un réservoir de 100 m3, de 1800 m de canalisation, de 6 bornes fontaines publiques et d'une cinquantaine de branchements privés. Environ un tiers seulement de la population a un accès direct à l'eau courante. La distribution de l'eau se fait de façon intermittente car la capacité du réservoir est trop petite et les pénuries de carburant, malheureusement trop téquentes, ne permettent pas un remplissage régulier de la réserve et un écoulement permanent de l'eau dans les canalisations. Il existe un comité de gestion du forage mais ses membres n'arrivent pas à faire un recouvrement régulier des cotisations des usagers. Bon nombre parmi ces derniers refusent de s'acquitter de leurs cotisations prétextant l'absence de transparence dans la gestion et le comportement faxiste de certaines personnes.

d) Electrification

Le village est connecté au réseau base tension depuis quatre ans mais l'électricité n'accède pas à tous les quartiers. L'éclairage public ne comporte que 1 points lumineux dont 6 seulement en état de fonctionner. Il n'existe pas de comité qui s'occupe spécialement de la gestion de l'éclairage public qui est du ressort du Conseil Rural. Les connexions privées sont directement négociées avec l'agence de la [http://www.senelec.sn Senelec] sise à Ndioum. Les habitants des quartiers non desservis se sentent tustrés et se plaignent de cette situation qui les exclue du confort de l'électricité.

Jeunesse et promotion féminine

Il existe au sein du village plusieurs regroupements (Groupement d'intérêt économique - GIE, associations...) de jeunes et de femmes. Leurs centres d'intérêt tournent autour de l'agriculture, des prestations et des activités récréatives. Certains disposent d'équipements (Groupement Mutualiste Pastoral - GMP, décortiqueuses...), de terres cultivables et même de locaux. Malgré tout, les jeunes et les femmes déplorent l'insuffisance de moyens pour mener des activités génératrices de revenus. Pourtant il existe de nombreuses potentialités au niveau local (pisciculture, apiculture, arboriculture, ramassage et recyclage des ordures ménagères, assainissement etc.). Les jeunes et les femmes se posent également des questions quant au sort qui est réservé aux terres leur ayant appartenu dans lé passé et qu'ils n'ont plus retrouvé après le remembrement du périmètre.

Deuxième partie : Plans d'action

Les ateliers de travail de 2002 ont mis en évidence une multitude de problèmes complexes et souvent liés qui préoccupent les villageois. Elles avaient aussi permis d'entrevoir des pistes de solutions que les populations ont exprimés en termes de souhaits (ce qu'il faut faire) qui peuvent se résumer comme suit :

Agriculture

Les recommandations des participants allaient dans deux sens :

Prioritairement :

1. Renforcer l'organisation sociale de la production agricole. Pour cela, il avait été identifié qu'il fallait :

2. Augmenter l'intensité culturale et faire de meilleures planifications des cultures (plans d'assolement, budgets prévisionnels) de façon à minimiser le coût de l'eau (facture d'électricité).

Dans le moyen terme :

La sécurisation foncière doit désormais être une préoccupation majeure de tout le village qui se sent à l'étroit tant pour les terres habitables que les terres de culture. Dans cette perspective, les villageois devront dès à présent s'atteler à la réalisation des actions suivantes :

Elevage

Sur ce plan, les populations souhaitaient :

a) Une meilleure prise en compte de l'élevage dans les plans de développement en particulier dans l'aménagement de l'espace et mettre en place un système de gardiennage collectif (bouvier).

* Disposer d'un technicien en élevage et santé animale résident pour les appuis techniques dans la gestion des troupeaux (alimentation, soins vétérinaires, commercialisation etc.), l'organisation
* Diagnostic villageois et plans d'action stratégique, jour le développement économique et social de Guédé-Chantier.

b) Des groupes socioprofessionnels intéressés par l'élevage et leur mise en rapport avec 'les organismes d'appui (APEL, DIREL, MDE etc.) pour les aider à monter et à financer des projets bancables.

Pêche

L'atelier ont préconisé un appui pour aider à réglementer l'activité et surtout introduire la pisciculture dans les bassins naturels que sont les dépressions inondables autour du village.

Habitat et environnement

Les actions souhaiables étaient les suivantes :

Le comité de pilotage avait été invité à réfléchir et proposer des stratégies sur les questions suivantes : la valorisation du terrain de l'ancienne piste d'aviation devenu inutilisable par les aéronefs à cause des aménagements qui y ont été construits en bout de piste (château d'eau et ligne haute tension).

Analysant la complexité des problèmes du village, les participants à l'atelier avaient estimé qu'un conseil municipal démocratiquement élu était à mieux de les prendre en charge. Aussi avait-t-il fait la recommandation d'entreprendre les démarches nécessaires auprès des autorités administratives et politiques pour ériger le village en commune rurale.
 


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